Ch'triman - Cambrai
Dimanche 30 Août
2009 - 4h15.
Le
réveil sonne. Je suis déjà réveillé par la faible lueur du jour et le champ du
coq voisin. Je sors la tête de la tente, pas un seul mouvement dehors. La
température est fraîche mais bonnes nouvelles le ciel est dégagé et le vent qui
soufflait la veille a disparu.
J'avale une part de mon gâteau énergétique vanté la veille. J'en ai
prévu quatre morceaux mais un seul va suffire en fait. C'est vrai que cela
tient au corps. J'avale quand même 2 baklavas, le miel colle aux doigts … Un brin de toilette, j'enfile ma
tri-fonction, mes chaussettes de compression et mon
polaire. J'ai oublié un bas de survêtement, tant pis je me réchaufferai plus
tard … Je vérifie une dixième fois le contenu de mon sac, absurde car je n'ai
rien en dehors mais cela me permet de passer le temps.
5h00. Il y a un peu de mouvement autour de moi mais la grande majorité
du camping est encore silencieuse. Toujours pas de TITAN en vue. Le parc à vélo
est maintenant ouvert, alors au lieu de tourner en rond autant y aller…
5h15. Je retrouve mon vélo à l'exact endroit où je l'avais laissé la
veille … Je commence par gonfler les pneus. Marc m'avait dit 1 bar par 10 kg de
poids et même un peu plus. Je mets 9 bars … Je scotche mes gels énergétiques
sur le cadre, place mes barres énergétiques, rempli ma gourde. Si avec cela,
mon petit déjeuner et les 3 kg de pâtes ingurgités ces derniers jours je tombe
en hypoglycémie ce n'est à plus rien comprendre de la
diététique. Enfin mon objectif est de ne pas m'arrêter au ravitaillement sur le
parcours vélo. C'est un Ironman, pas une randonnée pique-nique!!! Je place et
replace mes chaussures vélo, mes chaussures pour la càp, mon casque, mon
dossard, mes lunettes … Vivement l'heure du départ.
6h00. Je vois mes collègues arriver tranquillement, Denis, Roland,
Jean-Pol, Jean-Luc, Géry ... Sympa l'organisation d'avoir regroupé les neuf
membres du club côte à côte. Moment de panique pour Jean-Pol: il a oublié ses
sandwichs. J'hésite à lui proposer les restes de mon gâteau énergétique compte
tenu de ses remarques sur la "chose" la veille. Non sauvé, son
assistance technique familiale est là … J'enfile la néoprène et commence à
m'échauffer avec un peu d'ACDC dans les oreilles. Benoît me fait signe.
Courageux de se lever à cette heure …
6h45. C'est l'appel et je me suis presque dans les derniers à l'eau.
Bonne stratégie (involontaire) car je me retrouve en fait en première ligne.
Tant pis pour les torpilles placées derrière moi, elles arriveront bien à me
doubler. L'eau est à 19°C, je ne vois pas le bout de mon bras, mais il paraît
que la qualité de l'eau est conforme pour la baignade. J'essaierai quand même
de ne pas boire la tasse.
7h00. Un grand bang ou une corne de brume, je ne sais pas trop, mais le
départ est donné. Ca frotte un peu entre les 385 concurrents et même encore un
peu plus à la sortie du port. Je prends 2 ou 3 claques, je dois en donner aussi
quelques unes. Je prends un bon départ et tient un bon rythme sans
essoufflement. Je rattrape des optimistes et me retrouve à nouveau dans un
groupe, un peu de baston, j'en entends un râler … et puis apparaît une grande
bouée. Ca y est 1900 m, mi-parcours. J'allonge les bras tant que je peux et
m'efforce à garder un rythme régulier. De toute façon ce n'est pas en me
grillant sur la natation que j'arriverai forcément plus vite.
8h06. Je sors de l'eau. Génial … Je marche jusqu'à mon vélo ne trouvant
plus l'ouverture de ma combi. Si enfin. Chaussures, casque, lunettes, allez en
route pour la deuxième partie. Je l'ai reconnue il y a 3 semaines, première
partie face au vent, la seconde vent dans le dos. Le
dénivelé est très raisonnable mais beaucoup de petites bosses
et des relances à prévoir dans les villages traversés. De quoi avoir de grosses
cuisses à l'arrivée.
Le parcours est conforme à la reconnaissance, il y a un vent léger qui
va forcir tout au long des trois tours (à moins que cela ne soit la fatigue).
Je m'étais fixé 35 km/h de moyenne. J'atteins 33 sur la première partie mais la
seconde me fait remonter à 35, c'est tout bon, reste à tenir le rythme. Il y a
deux bonnes lignes droites où avec le 52x12 j'atteins les 50, une petite
descente à 60, puis retour à la réalité avec vent de face. Les jambes tournent bien,
je remonte des concurrents, un seul me double, mince il est de ma catégorie
d'âge …
Les signaleurs sont en place (voir Compte rendu officiel de l'épreuve)
et prodiguent maints encouragements. Un petit merci au passage, ils vont rester
plantés là une bonne partie de la journée …
Deuxième tour, en passant devant un pointage j'entends
"26ème", je crois rêver, j'ai du mal comprendre. Je double Benoît qui
s'offre un parcours d'entraînement au milieu de la course (c'est
réglementaire?), il me demande si je suis dans mon deuxième tour et je lui
réponds pour plaisanter que je suis déjà dans mon troisième. J'entends
plusieurs fois les encouragements des TITAN le long du parcours, ca fait
plaisir.
Troisième tour, toujours au même rythme. Je continue à absorber mes gels
et mes barres, pas de coup de pompe, pas d'arrêt ravitaillement non plus. Les
duathlètes sont maintenant lâchés sur le parcours, je vois que ca drafte un
peu, ca roule en paquet, ca m'énerve j'accélère et mets un vent au groupe.
Je relâche un peu après le turning avant de rentrer. Fin du parcours, je
déchausse les chaussures sur le vélo avant l'entrée du parc (j'ai vu les pros
faire) et me jette dans mes running. Le compteur est resté bloqué à 35 km/h ce
qui me place à 5h15. J'apprendrais plus tard que je suis 14ème temps
vélo (15 mn après le premier quand même) et 21ème à la sortie du parc. Content,
des efforts à l'entrainement. Quand je pense à mes pénibles 100 km à 25 km/h il
y a moins d'un an.
15h30 environ, me voilà donc parti pour la càp. Celle que je redoute le
plus naturellement, car avec ma blessure au mollet en juin, mon repos forcé et
mes 4 seules sorties de 50 mn deux semaines avant le Ch'triman, je me sens un
peu juste pour ce premier marathon. On verra bien.
Les jambes sont dures, il paraît que c'est normal. Quelques ennuis
gastriques, je fais une petite vidange gastrique, quelques anciens assis sur un
banc me regardent. Ils doivent nous prendre pour des fous. C'est reparti sans
les crampes d'estomac. Un premier 10 km en une heure, entre le 10 et le 20ème
ca devient dur mais j'essaie de conserver le rythme. De nouveaux TITAN sont là
pour les encouragements, Patrick, Christian, Sylvie, Martine, Rudy,
Jean-Pierre, Laurent, les Thomas et les Colon sont toujours là … Benoît me
rejoins pour la càp (c'est réglementaire?), on discute un peu, ca me change les
idées. Il court devant, il me donne un repère et en plus cela m'évite une
éventuelle pénalité. 42 km c'est déjà long alors s'il faut en rajouter un …
Et puis … je décide de relâcher et de marcher car les cuisses ont de
plus en plus de mal à me porter. Benoît me force, je repars, mais je m'arrête à
nouveau. Il disparaît, un arbitre lui a demandé de stopper son entraînement
dominical.
Je croise tous mes collègues TITAN, ils sont tous en course, génial. Il
devrait y avoir 3 nouveaux Ironman au club ce soir. Ceux que j'avais doublés au
matin me rattrapent. Un bon paquet est repassé devant maintenant. Je regarde le
chrono, je m'étais fixé 11h00. Je refais mon calcul, il me reste 8 km pour 20
mn. Au rythme de 5 km/h en marchant ou même en courant, cela ne va décidément
pas le faire. Je retrouve quelques ressources et je repars. Je me surprends
même à accélérer à l'approche de l'arrivée. J'ai mal aux jambes mais tant pis
je me reposerai plus tard.
18h14. Les TITAN sont là, Guillaume et ma femme
aussi. Elle me tend les 2 petits, j'en prends un dans chaque bras, je les
embrasse et marche vers la ligne d'arrivée (eux-aussi c'est leur premier
Ironman après tout). On me gratifie d'une petite médaille, de félicitations,
d'un tee-shirt de finisher … Content d'en avoir fini.
Ainsi s'achève un dimanche pas comme les autres, sous le soleil, des
bénévoles sympathiques, des ravitaillements variés, une organisation parfaite.
Merci encore à tous, aux supporters, à mes sparring partners (ils se
reconnaitront), à Véronique pour ses pâtes à la carbonara mais surtout à ceux
qui endurent mon entraînement quotidien.
Ghislain.
PS: pour clôturer, j'apprends que les tous les TITAN ont franchi la
ligne d'arrivée… En résumé, une bonne journée!!!