Le jour le plus long…
Par Christel
Lefebvre
2 ans et demi après notre premier triathlon où
nous avions fièrement nagé 300 m de crawl (sans s’arrêter !), roulé 22 km
et couru 7 km, nous avons participé à notre premier IRONMAN à Cologne ce
dimanche 4 septembre. Soit 3,8 km de natation + 180 km de vélo + 42 km à pied.
Après une très très courte nuit (en effet le
studio loué pour l’occasion était idéalement situé à côté d’une discothèque…),
nous enlevons les boules quiès à 4h du matin. Les « boum boum » ont
fait place à de la musique moins tonitruante et c’est avec Bob Marley que nous
commençons cette loooongue journée.
Des orages étaient annoncés pour ce dimanche,
et lorsque nous ouvrons la fenêtre il pleut.. Le bon côté des choses c’est que
cela refroidira la température de l’eau ; en effet la veille les combi
étaient interdites sur le quart, et pour des piètres nageurs comme nous
c’aurait été l’horreur..
Nous ingurgitons un café et une bonne grosse
part de délicieux gatosport au chocolat, enfilons notre trifonction et notre
k-way par-dessus, remplissons nos 3 bidons et rejoignons la voiture pour nous
rendre au lieu d’arrivée. Nous croisons plusieurs personnes qui sortent de
discothèques et nous regardent bizarrement (pas un peu tôt pour le
jogging ??)…
Nous garons la voiture pas trop loin de la
ligne d’arrivée et nous nous dirigeons vers l’endroit où doit passer la navette
qui nous conduira au lieu de départ. Nous croisons d’autres triathlètes qui
cherchent comme nous, les explications n’étant pas très claires. Finalement
nous voyons arriver un double bus, c’est peut être celui-là, nous sprintons
dans sa direction et le chauffeur joyeux de travailler un dimanche à 5h du mat’
daigne nous ouvrir la porte. Ouf !
25 minutes plus tard on nous débarque au lac
Füllingher, il pleut toujours, heureusement nous avions protégé nos vélos avec
des sacs poubelles. On installe nos bidons, on vérifie la pression des pneus,
on prépare le casque, les chaussures, la ceinture porte-dossard, on voit que
les autres mettent leur combinaison cela nous rassure c’est que l’eau est à
moins de 24° C.
20 minutes avant le départ nous entendons crier
« Philou « et « Titan », et oh surprise notre fan club
s’est déplacé pour nous encourager sur notre premier ironman ! Cela fait
du bien d’entendre parler français et de les voir, Arturo, Martine, Pat, Jason,
Véro, Roland, Gaylord et le président aussi, merci d’être venus ! Manon et
Yohan sont aussi là pour encourager Jérôme qui fait le demi.
Bientôt l’heure du départ, on rate le briefing
mais de toutes façons c’est en allemand, on se dirige vers le ponton, l’eau est
bonne, léger stress.. 7h feu d’artifice je pense « bonne année !»
mais non c’est juste pour le départ des élites, on leur laisse 5 minutes
d’avance pour être sur de pas les rattraper…
Sur la ligne de départ je vois Philippe qui me
dit de suivre les lignes ; en fait nous nageons dans un lac destiné à des
compétitions d’aviron et il y a des sortes de grands couloirs séparés par des
lignes à environ 1,5 m sous l’eau et avec des petites bouées au dessus. Facile,
y’a qu’a suivre la ligne comme en piscine (enfin pas trop près sinon on se
prend les bouées dans la figure..). Je pars cool en 3 temps, y’a pas le feu ce
n’est que le début.. Juste avant le demi-tour j’aperçois Philou sur la droite,
mais après les bouées je l’ai perdu de vue. Je m’attarde 2 fois pour une pause
pipi (non c’est pas dégueulasse tout le monde le fait), je commence à avoir mal
à ma main gauche, bizarre (en fait je me suis chopé une tendinite qui me fera
mal aussi sur le vélo !), je relève la tête et je vois tout doucement
approcher la pancarte ZIEL (arrivée). Je n’ai aucune idée de mon temps, il y a
encore un gros paquet derrière moi alors que d’habitude je suis dans la fin du
peloton, toutes ces heures d’entrainement en canal et en piscine n’auront donc
pas servi à rien…(merci Eric !).
Comme sur le demi j’avais fait 40’ je me dis qu’une 1h20 ce serait bien
et je sors finalement en 1h15 à peine fatiguée. Bon, ça c’est fait !
J’entends les Titans crier « allez Philou » donc c’est qu’il est
encore dans le parc à vélo et qu’il a très bien nagé. J’enlève ma combi, je
prends le soin d’essuyer mes pieds et j’enfile mes belles chaussettes roses
tout en ingurgitant un gel. Je me dirige vers les WC, la bénévole postée devant
a compris qu’elle doit tenir mon vélo, et là j’applique la technique du
relevé-étirer du cuissard mouillé qui colle, pas facile mais je m’y suis
entraînée et je m’en mets quasi pas sur moi.
Et c’est parti pour 180km à vélo, ne surtout
pas partir trop vite et prendre le temps de bien se réhydrater en début de
course. D’abord une boucle d’approche vers le centre ville, et ensuite 3 tours.
Je n’ai pas faim mais je me force à manger une barre et à boire tous les 5km
une gorgée de boisson iso. Comme le parcours est un aller-retour je croiserai
Philou plusieurs fois, c’est chouette. Heureusement car les routes sont
vraiment désertes… Les premiers km ne
sont pas très rapides car nous avons le vent de face jusqu’au centre, nous
passons le pont, demi tour près de l’aire d’arrivée et repassons le pont en
admirant la cathédrale. Vent dans le dos la vitesse augmente enfin. Je compte
maintenir 29 km/h de moyenne, après un tour et demi je suis presque à 30 donc
ça va.
Déjà 11h l’heure de l’apéro, une barre salée
fera l’affaire. Mes 3 bidons sont vides je prends celui de l’organisation, une
mixture joliment rosée assortie à mon vélo mais assez dégeu. Au ravito d’après
je prends du « wasser » et continuerai à l’eau avec un gel tous les
30km. A l’entame du dernier tour, le vent a changé, nous l’avons de face pour sortir de la ville, quelques rafales
de vent latérales ont même failli me faire tomber ! Je peine à du 23 km/h,
bon pas grave je l’aurai dans le dos après. Je commence à avoir mal au cou, aux
épaules, au dos, aux ischions,…La position sur les prolongateurs devient dure à
tenir, je me relève pour bien profiter du vent dans le dos. Enfin la
cathédrale, j’ai tenu la moyenne prévue,
je n’ai qu’une envie c’est de descendre de mon vélo. Je viens aussi de battre un
record, 6 heures de vélo sans m’arrêter une seule fois ! Je descends
gracieusement enfin comme je peux de mon vélo, le dépose dans le parc, ensuite
une centaine de mètres à courir sur la pelouse dans laquelle je m’enfonce avec
mes chaussures de vélo. Je récupère mon sac, je me dirige vers la tente, un
bénévole m’aide à enlever mes chaussures et les ranger dans le sac avec mon
casque, j’enlève mes belles chaussettes roses pour enfiler mes chaussettes
spéciales marathon, testées à Reims en …2004 !
Après une pause pipi, c’est parti pour 3 tours de
14 km. Malheureusement je me sens trop bien, je passe le premier km en 5’30.
C’est trop vite faut que je ralentisse mais les 15 premiers furent un vrai
bonheur, j’ai l’impression de n’avoir rien fait avant… Je croise Philou qui me
fait « couci-couça » avec la main, j’essaye de garder mon allure mais
je commence à ralentir c’était trop beau. A la fin du 2ème tour je
monte péniblement la volée d’escalier pour rejoindre le pont, je jette un œil à
la tribune et à la ligne d’arrivée, j’ai envie de m’arrêter là, peut être que
personne ne le verrait … On me donne mon troisième chouchou à mettre au
poignet, preuve que je suis enfin dans mon dernier tour. Ca va être dur, très
dur… J’ai des crampes d’estomac, si je prends un gel je crois que je vais
vomir. Je me limiterai donc à quelques gorgées d’iso, d’eau et de coca pour ces
15 derniers km. J’ai horriblement mal aux cuisses, chaque pas est un calvaire.
Et dire qu’on paie pour ça ! Je m’arrête plusieurs fois pour m’étirer et
je marche à chaque ravito. Je calcule que je peux encore faire moins de 12h si
je mets 7 minutes au km, soit trottiner et marcher quelques mètres aux ravitos.
Je croise encore Philou au km 34, lui est en est au 37ème, je me demande s’il
est aussi naze que moi, mon cerveau arrive encore à calculer, j’estime son
temps d’arrivée à 11h35. Plus que 8 km, c’est rien j’en ai déjà fait 34 km,
mais où est ce foutu dernier turning point ? j’ai l’impression qu’ils
l’ont reculé..
Je me fais dépasser mais je dépasse aussi des
gens qui marchent, ça me rassure y’a pire que moi. Enfin j’aperçois de l’autre
côté de la rive le site d’arrivée, comment vais-je faire pour monter ces foutus
escaliers ? Heureusement y’a une rampe.. En haut je m’étire, j’hésite à
prend le gel « coup de fouet » que j’avais prévu de prendre au km 40
pour le sprint final.. ça me fait bien rire maintenant que je me traîne à du
6’30 au km.. Je passe le pont, j’essaye d’accélérer, selon mes calculs je
devrais être en 11h55, enfin le panneau 42,
plus que 200 m je savoure, un effort pour sourire pour la photo, mais je
n’ai plus la force de lever les bras… Je passe la ligne en 11h53. P..... que c’est long ! Philou boit déjà une bière, il
a mis 11h36. Tous les deux sous les
12 heures, HEUREUX !
Ca y
est, on est IRON(wo)MAN !!
Quelques
photos sur (le reste à venir)
https://picasaweb.google.com/kikilefebvre/IronmanCologne04092011#
https://picasaweb.google.com/113675246470165354654/cologne2011#5649905042910567026 (merci Arturo